68% des Français sont mécontents de la composition du gouvernement de François Bayrou
Le 23 décembre, les 35 ministres du gouvernement de François Bayrou ont été nommés. Parmi eux, 14 restent à leur poste, 5 sont également issus du gouvernement précédent (de Michel Barnier) mais changent de poste, 8 ont déjà été ministres par le passé, 5 ont été parlementaires et 3 sont issus de la société civile. En termes d’étiquette politique, 2 viennent de la gauche, 14 de Renaissance (le camp présidentiel), 2 du MoDem (parti de François Bayrou), 2 d’Horizons (parti d’Edouard Philippe), 2 de l’UDI, 7 des Républicains, 2 d’une autre formation de droite et 4 sont sans étiquette.
68% des Français se disent mécontents de la composition du nouveau gouvernement, dont 44% plutôt mécontents et 24% très mécontents. A l’inverse, 31% sont satisfaits, dont 29% plutôt satisfaits et 2% très satisfaits. Il s’agit d’un niveau de mécontentement nettement supérieur à celui mesuré pour le gouvernement de Michel Barnier (59% / 25 septembre 2024), d’Elisabeth Borne (58% / 24 mai 2022) et d’Edouard Philippe (38% / 10 mai 2017).
D’un point de vue politique, la composition du nouveau gouvernement clive les électorats en 2 blocs :
- Les électeurs du NFP au 1er tour des Législatives (84%), sympathisants LFI (84%) comme PS (83%), les électeurs du RN (80%) et les abstentionnistes (70%) sont massivement mécontents
- A l’inverse, les électeurs d’Ensemble (71%) et dans une moindre mesure les électeurs de droite (LR/UDI/DVD, 54%) sont une majorité à se dire satisfaits de la composition du nouveau gouvernement
Et 64% estiment qu’il va dans la mauvaise direction
64% des Français estiment que les premiers pas et décisions du gouvernement de François Bayrou vont plutôt dans la mauvaise direction, contre 35% dans la bonne direction.
On observe le même clivage politique que précédemment : les électeurs du NFP (78%), sympathisants LFI (75%) et PS (71%), les électeurs du RN (76%) et les abstentionnistes (65%) considèrent que le gouvernement de François Bayrou va dans la mauvaise direction. Il bénéficie en revanche d’un soutien majoritaire dans l’électorat d’Ensemble (71% bonne direction) et de droite (61%).
Un positionnement politique difficile à cerner pour les Français
A propos du gouvernement de François Bayrou, 28% des Français estiment qu’il est plutôt de droite, 20% du centre, 7% de gauche, 20% ni de gauche ni du centre ni de droite, et 25% n’ont pas d’avis. En comparaison, un positionnement perçu comme moins à droite que le gouvernement de Michel Barnier (54% / 25 septembre 2024) et plus au centre (8%) ou indéterminé (10% ni-ni).
Les électeurs du NFP sont une majorité à estimer que le gouvernement est de droite (58%), les électeurs d’Ensemble du centre (43%, et 25% droite). Les électeurs de droite sont partagés (entre centre 29% et droite 25%), les électeurs du RN sont divisés (23% droite, 23% centre, 11% gauche, 23% ni-ni, 20% pas d’avis).
Pour les Français, le pouvoir d’achat doit être la priorité n°1 de l’exécutif, devant les sujets régaliens (sécurité/immigration) en nette hausse en 1 mois, la santé stable et la dette publique en baisse
Pour les Français, le pouvoir d’achat doit être la priorité d’action d’Emmanuel Macron et du gouvernement de François Bayrou (53% de citations dans le top 3 des priorités, -2 depuis le 14 décembre 2024) devant les sujets régaliens en hausse en 1 mois – sécurité (30%, +4), immigration (29%, +5) et plus loin dans le classement la menace terroriste (13%, +5) – la santé stable (30%, =) et la dette publique en baisse (29%, -5). Les dynamiques observées en 1 mois (hausse du régalien, baisse de la dette publique) s’observent dans la plupart des électorats, mais sont particulièrement fortes dans l’électorat d’Ensemble.
Entre 1 et 2 Français sur 10 citent : les retraites (20%, -1), l’éducation (17%, +2), les inégalités/injustices sociales (14%, =), l’environnement/l’écologie (13%, =), l’emploi (12%, -4), la fiscalité (10%, -3) et la protection sociale (10%, =). Les autres sujets testés sont évoqués par moins d’1 Français sur 10.
Les priorités diffèrent selon les électorats :
- Les électeurs du NFP évoquent en priorité le pouvoir d’achat (51%), la santé (36%), les inégalités/injustices sociales (32%) et l’environnement/écologie (28%)
- Pour les électeurs d’Ensemble, la dette publique reste n°1 malgré une forte baisse (47%, -11) et devance le pouvoir d’achat (37%), la sécurité (36%, +20) et l’immigration (30%, +13) tous deux en hausse, et la santé (31%)
- Les électeurs de droite (LR/UDI/DVD) citent le pouvoir d’achat (52%), la dette publique (45%, -4), la sécurité (45%, +8) et l’immigration (43%, +7)
- Les électeurs du RN, le pouvoir d’achat (64%), l’immigration (50%), la sécurité (42%) et la dette publique (29%, -4)
- Les abstentionnistes, le pouvoir d’achat (55%), la santé (32%), la sécurité (29%), l’immigration (26%) et la dette publique (25%)
Les chantiers prioritaires du gouvernement aux yeux des Français : les urgences à l’hôpital, le budget et la crise agricole
Parmi 10 chantiers qui attendent le gouvernement à court et moyen terme, l’opinion publique estime qu’il doit en priorité répondre à la crise des urgences à l’hôpital (60%, 3 réponses possibles), constituer un budget pour 2025 (46%) et répondre à la crise agricole (42%). Derrière ce trio de tête, les Français évoquent réaliser un projet de loi sur l’immigration (34%), modifier la réforme des retraites (29%) et lutter contre les trafics de drogue (26%). Les autres sujets testés sont cités par moins d’1 Français sur 5 : reconstruire Mayotte (18%), réaliser un projet de loi sur la fin de vie (14%), améliorer l’attractivité du métier d’enseignant (11%) et instaurer le scrutin à la proportionnelle pour les prochaines élections législatives (10%).
Les 3 chantiers prioritaires sont les mêmes chez les électeurs du NFP, d’Ensemble et de droite (urgences, budget, crise agricole), quoique dans un ordre différent (le budget est n°1 dans l’électorat d’Ensemble et de droite, les urgences pour le NFP). Pour les électeurs du RN, réaliser une loi immigration doit être le chantier prioritaire, devant le fait de répondre à la crise des urgences, à la crise agricole et constituer un budget.
Réforme des retraites : une majorité (54%) estime qu’il faut changer certains aspects, 27% qu’il faut la supprimer
Dans le cadre des consultations pour faire voter le budget (dépenses de l’Etat et fiscalité) pour l’année 2025, le ministre de l’Economie Eric Lombard déclare être ouvert à des discussions sur la réforme des retraites (d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne, mise en vigueur en 2023), une réforme critiquée par la gauche et le Rassemblement National. Concernant la réforme des retraites, 54% des Français considèrent qu’il faut en modifier certains aspects, 27% qu’il faut la supprimer, 18% la conserver.
D’un point de vue socio-professionnel :
- Une majorité (absolue ou relative) de retraités (61% modifier) et de cadres (50%) souhaitent la modification de certains aspects de la réforme, et une forte minorité son maintien en l’état (respectivement 24% et 32%)
- Une majorité (absolue ou relative) de professions intermédiaires (48%) et d’employés/ouvriers (52%) se prononcent également en faveur d’une modification de la réforme, mais à l’inverse des cadres et retraités, une forte minorité souhaite sa suppression (35% et 38%)
D’un point de vue politique, les électeurs de droite (63% modifier, 29% conserver), d’Ensemble (56% modifier, 39% conserver) et du RN (56% modifier, 28% supprimer) estiment en majorité qu’il faut modifier certains aspects de la réforme tandis que les électeurs du NFP sont partagés entre la supprimer (47%) et la modifier (43%).
Age de départ à la retraite : 62% des Français considèrent qu’il revenir à 62 ans, 31% qu’il faut le maintenir à 64 ans
Concernant l’âge légal de départ à la retraite, 62% des Français considèrent qu’il faudrait revenir à la situation précédente c’est-à-dire à 62 ans, 31% qu’il faudrait le maintenir à 64 ans et 6% qu’il faudrait l’augmenter.
Les actifs (68%), en particulier les employés/ouvriers (76%) et les professions intermédiaires (68%), souhaitent majoritairement un retour à 62 ans tandis que les retraités sont partagés entre retour à 62 ans (46%) et maintien à 64 ans (45%).
La question de l’âge de départ à la retraite clive politiquement : les électeurs du NFP (81%) et dans une moindre mesure du RN (62%) souhaitent un retour à la situation antérieure tandis que les électeurs d’Ensemble (66%) pour le maintien à 64 ans. Les électeurs de droite sont quant à eux divisés entre 64 ans (47%) et 62 ans (46%).
Pour l’opinion, le gouvernement et le PS doivent faire des compromis et trouver un accord sur la réforme des retraites
Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste s’est dit prêt à censurer le gouvernement s’il n’obtient pas de « concessions remarquables » sur la réforme des retraites. Le ministre de l’Economie Eric Lombard s’est quant à lui dit ouvert à des discussions sur la réforme des retraites. 71% des Français estiment que le gouvernement et le Parti socialiste doivent faire des compromis et trouver un accord sur la réforme des retraites. A l’inverse, 27% considèrent que le gouvernement ne doit pas céder sur la réforme des retraites et que le Parti socialiste a tort de menacer le gouvernement d’une censure.
Un appel au compromis majoritaire au sein de tous les électorats, toutefois à des niveaux différents – électeurs NFP (89%), électeurs RN (67%), de droite (64%) et d’Ensemble (51%) – et dans toutes les catégories socio-professionnelles : employés/ouvriers (80%), professions intermédiaires (75%), retraités (64%) et cadres (63%).
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