L’urgence à agir pour réduire la dette demeure à niveau élevé et s’intensifie
Depuis janvier 2024, le sujet de la dette publique a fortement progressé parmi les priorités que les Français adressent à l’exécutif (27%, +16 points)*.
Dans ce contexte, 80% (stable depuis mars 2024) des Français jugent urgent de réduire la dette publique en France, dont 39% (+7) très urgent et 41% (-7) assez urgent. A l’inverse, 19% (=) considèrent que cela n’est pas urgent, dont 14% (-2) pas vraiment et 5% (+2) pas du tout.
Le sentiment d’urgence domine et s’intensifie dans toutes les catégories de population et de façon particulièrement marquée chez les 65 ans et plus (+16 très urgent).
Politiquement, les électeurs LR au 1er tour des élections législatives 2024 (96% urgent dont 39% très urgent), RN (88% dont 47%) et « Ensemble » (87% dont 52%) s’accordent sur l’urgence à agir. Les électeurs NFP sont comparativement moins inquiets (71% dont 25%).
45% des électeurs d’Emmanuel Macron au 1er tour des élections présidentielles 2022 considèrent désormais qu’il très urgent de réduire la dette, soit une hausse significative de 20 points en quelques mois.
(*) Données issues de l’enquête ELABE pour BFMTV réalisée les 5 et 6 septembre 2024
Pour les Français, la diminution du train de vie de l’Etat est la solution n°1 pour réduire la dette publique
Aux yeux des Français, la diminution du train de vie de l’Etat est la solution n°1 pour réduire la dette publique (70% de citations), loin devant la hausse des impôts des entreprises ayant fait le plus de profits (44%), la réduction globale des dépenses publiques (39%), et la hausse des impôts des particuliers les plus aisés (39%).
La diminution des dépenses sociales et la mise en place de réformes encourageant la croissance économique sont une solution pour 3 Français sur 10.
La hausse globale des impôts (12% pour les entreprises et 4% pour les particuliers) et la diminution du financement des collectivités locales par l’Etat (9%) ne sont pas envisagées.
La diminution du train de vie de l’Etat est considérée comme le premier moyen de réduire la dette publique dans toutes les catégories de population et dans tous les électorats. Il est davantage cité chez les plus âgés (79% des 50-64 ans et 80% des 65 ans et +), dans les communes rurales (77%), ainsi que par les électeurs LR (81%) et RN (79%) au premier tour des élections législatives 2024.
Les autres pistes font l’objet de vraies différences d’un point de vue politique :
- Electeurs du NFP : une hausse des impôts des entreprises ayant fait le plus de profits (68%), une hausse des impôts des particuliers les plus aisés (53%)
- Electeurs d’Ensemble : la réduction globale des dépenses publiques (44%), des réformes encourageant la croissance économique (41%), la diminution des dépenses sociales (39%)
- Electeurs LR/UDI/DVD : des réformes encourageant la croissance économique (52%), la réduction globale des dépenses publiques (45%), la diminution des dépenses sociales (34%)
- Electeurs RN : la réduction globale des dépenses publiques (50%), la diminution des dépenses sociales (49%)
Aucun responsable politique n’obtient la confiance de l’opinion en matière de finances et dépenses publiques
Gabriel Attal recueille la confiance de près de 4 Français sur 10 (39%, +6 points depuis mars 2024) pour avoir une bonne politique en matière de finances et dépenses, au coude à coude avec Michel Barnier (38%). Tous deux sont suivis de près par Marine Le Pen (36%).
L’ex-Premier ministre et son successeur obtiennent la confiance d’une nette majorité des électeurs d’ « Ensemble » (respectivement 78% et 72%) ainsi que des électeurs LR/DVD/UDI (58% et 72%).
Marine Le Pen bénéficient quant à elle d’un soutient quasi-total des électeurs RN (83%) et parvient également à obtenir le soutien de 27% des électeurs LR/DVD/UDI.
Les dirigeants LR obtiennent la confiance de 29% (+4) des Français, le ministre de l’Économie démissionnaire Bruno Le Maire 28% (+1) et les dirigeants du Parti socialiste (27%, +5). Les autres responsables et partis politiques sont cités par moins d’un Français sur quatre.
Système fiscal : plus d’1 Français sur 2 estime qu’il contribue davantage au système qu’il n’en bénéficie, un niveau stable depuis mai 2023
De manière générale, quand ils pensent aux différents impôts et taxes qu’ils paient et aux services et aides dont ils peuvent bénéficier, plus de la moitié des Français estiment contribuer plus au système qu’ils n’en bénéficient (54%, +1 point par rapport à mai 2023), un quart pense qu’ils contribuent autant qu’ils en bénéficient (25%, +1) et seuls 7% (-1) qu’ils bénéficient plus du système qu’ils n’y contribuent.
14% (-1) d’entre eux ne se prononcent pas sur le sujet.
D’un point de vue sociodémographique, ce sentiment est majoritaire dans toutes les catégories de population. Il est particulièrement présent chez les cadres et professions intermédiaires (60%, -1) et se renforce chez les employés/ouvriers (56%, +4).
Les plus jeunes (18-24 ans) sont désormais partagés plutôt entre le sentiment de contribuer autant qu’ils n’en bénéficient (42%, +16) et celui de contribuer plus (33%, +2).
Les électeurs du RN estiment majoritairement contribuer davantage au système qu’ils n’en bénéficient (73%), tandis que les autres électorats sont plus partagés : LR (55% contribuer plus, 37% autant), Ensemble (49%, 35%) et NFP ( 45%, 34%).
Le regard de l’Institut Montaigne :
A quelques semaines de la présentation du prochain projet de loi de finances par le Gouvernement, les dernières prévisions budgétaires – 5,6% de déficit en 2024 – laissent présager d’âpres discussions parlementaires.
En effet, lors de la campagne des législatives en juin dernier, le sujet de l’état de nos finances publique était loin de faire consensus. Cette fracture se reflète aujourd’hui au sein des différents électorats : si 96% des électeurs LR estiment qu’il est urgent de réduire la dette, ils ne sont que 71% chez les électeurs du NFP. Pour rétablir nos comptes publics, la hausse de la fiscalité sur les entreprises et sur les ménages les plus aisés est ainsi privilégiée par les électeurs du NFP alors que la réduction globale des dépenses est jugée prioritaire pour l’électorat du RN.
Un point commun notable toutefois, celui d’une croyance bien enracinée selon laquelle la première solution serait de réduire le rythme de vie de l’État. Alors que la protection sociale représente près de 33% de nos dépenses publiques – contre 27% en moyenne au sein de l’UE – les Français, eux, « regardent ailleurs ». Le sentiment de contribuer davantage à notre système social que d’en bénéficier, particulièrement présent au sein des classes moyennes, explique notamment l’absence de consentement citoyen à soutenir un futur effort budgétaire. Dans un tel contexte, seule une mobilisation politique inédite permettra de répondre à l’urgence qu’exige la situation de nos finances publiques.
Lisa Thomas-Darbois | Directrice des études France
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Crédits image : iira 116 / Pixabay