Migrants à Lampedusa : 65% des Français sont opposés à leur accueil au sein de l’Union européenne et sur le territoire français
La semaine dernière, entre lundi et mercredi, environ 8 000 migrants en provenance d’Afrique du Nord sont arrivés sur l’île italienne de Lampedusa après avoir traversé la Méditerranée.
65% des Français estiment que l’Union européenne ne doit pas accueillir ces personnes, dont 33% pas du tout et 32% pas vraiment. A l’inverse, 34% sont favorables à leur accueil, dont 23% plutôt et 11% tout à fait.
65% des Français considèrent que la France ne doit pas accueillir une partie de ces migrants et réfugiés sur son territoire, dont 35% pas du tout et 30% pas vraiment. A l’inverse, 34% y sont favorables, dont 23% plutôt et 11% tout à fait.
A titre de comparaison, 47% des Français étaient opposés à l’accueil de migrants et refugiés notamment syriens en septembre 2015, 59% en janvier 2018 et 64% étaient opposés à l’accueil du navire « l’Aquarius » en juin 2018. On observe ainsi un durcissement de l’opinion ces dernières années sur l’accueil des migrants et réfugiés.
D’un point de vue politique, seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont majoritairement favorables à l’accueil de ces réfugiés (71% dans l’UE, 69% en France), les autres électorats y sont largement opposés : Marine Le Pen (91% UE, 93% France), Eric Zemmour (94% et 96%), Valérie Pécresse (88% et 85%) et Emmanuel Macron (66% et 63%).
En termes d’âge, une majorité des 18-24 ans approuve l’accueil de ces personnes (58% UE, 56% France), les autres tranches d’âge y sont opposées (plus de 6 sur 10).
Motif de l’opposition à l’accueil : le manque de moyens économiques
Les Français opposés à l’accueil des migrants l’expliquent d’abord par le fait que nous n’avons pas les moyens économiques de les accueillir (88%, soit 57% de l’ensemble des Français) devant la menace pour notre identité, notre culture (37%, soit 24% de l’ensemble des Français).
Motif du soutien : l’humanisme et le devoir
Les Français favorables à l’accueil des migrants expliquent avoir cette opinion par humanité, c’est le devoir de la France de les accueillir (90%, soit 31% de l’ensemble des Français) devant le fait que nous avons besoin de migrants pour notre économie (32%, soit 11%).
Une majorité de Français opposée à l’accueil des migrants économiques et familiaux mais favorable à l’accueil des réfugiés politiques
59% (-5 points rapport au 9 octobre 2019) des Français se disent opposés à l’accueil des migrants économiques et 53% (+4) à l’accueil des migrants venus retrouver leur famille.
Trois blocs se distinguent d’un point de vue politique :
- Les électeurs de Marine Le Pen (86% migrants économiques, 86% migrants venus retrouver leur famille), d’Éric Zemmour (85%, 83%) et de Valérie Pécresse (73%, 79%) sont largement opposés à l’accueil des migrants économiques et familiaux
- Les électeurs d’Emmanuel Macron sont plus partagés (53% opposés, 47% favorables aux 2)
- Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon approuvent en majorité leur accueil (64% migrants économiques, 73% famille)
En termes d’âge, si les plus jeunes se montrent plutôt favorables à cet accueil (66%, 73% chez les 18-24 ans), l’opposition croit avec l’âge et devient nettement majoritaire après 50 ans (65%, 62%).
D’un point de vue socio-professionnel, les cadres sont assez partagés (près d’1 sur 2 favorable) tandis que les ouvriers sont largement opposés à l’accueil des migrants économiques (69%) et pour motifs familiaux (64%).
A contrario, 63% (-2) des Français sont favorables à l’accueil des réfugiés politiques.
Les électeurs d’Emmanuel Macron (70%) et dans une moindre mesure de Valérie Pécresse (54%) sont, avec les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (86%), majoritairement favorables à l’accueil des réfugiés politiques. A l’inverse, les électeurs d’Éric Zemmour (72%) et de Marine Le Pen (67%) y sont opposés.
Le soutien à l’accueil des réfugiés politiques est majoritaire au sein de toutes les tranches d’âge (à partir de 59%, avec un pic chez les 18-24 ans à 74%).
On observe un clivage d’un point de vue socio-professionnel entre les cadres/professions intermédiaires (71% favorables) et les ouvriers (61% opposés).
Régularisation des travailleurs dans les métiers en tension : 55% y sont favorables
55% des Français se disent favorables à la facilitation de l’obtention de titre de séjour pour les travailleurs étrangers dans les métiers en tension. A l’inverse 44% y sont opposés. Des chiffres stables depuis mai 2023.
Cette mesure est largement soutenue dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (82%) et d’Emmanuel Macron (69%) mais est rejetée par les électeurs de Marine Le Pen (81%), d’Éric Zemmour (75%) et de Valérie Pécresse (72%).
Elle est, en termes d’âge, particulièrement soutenue par les 18-24 ans (74%, contre 49%-56% au sein des autres tranches d’âge).
L’Europe est l’échelon le plus efficace pour gérer l’accueil des migrants pour une majorité de Français
Concernant les migrants qui arrivent en Europe, 55% des Français estiment que l’échelon le plus efficace pour gérer ce sujet est l’Union européenne, de manière collective. A l’inverse, 45% considèrent que cette gestion de doit se faire au niveau des Etats, chacun comme il le veut.
A noter que la part de Français qui privilégient l’échelon européen est nettement inférieure à notre mesure d’août 2015 (70%, soit 15 points de moins) lors de la crise de migrants venus notamment de Syrie.
Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (67%) et d’Emmanuel Macron (66%) considèrent que l’Union européenne est l’échelon le plus efficace. A l’inverse, les électeurs de Marine Le Pen (65%), d’Éric Zemmour (64%) et de Valérie Pécresse (55%) privilégient la gestion au niveau national.
L’échelon européen est particulièrement plébiscité par les 18-24 ans (72%, contre 48%-58% au sein des autres tranches d’âge).
Mais les Français dressent un bilan mitigé de sa gestion de l’immigration
Pour 44% des Français, l’Union européenne est plutôt un inconvénient dans la gestion de l’immigration, pour 23% elle est un atout et pour 33% ni l’un ni l’autre.
Les électeurs d’Éric Zemmour, de Marine Le Pen et de Valérie Pécresse sont critiques à l’égard de l’UE (respectivement 75%, 66% et 63% un inconvénient) tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron (36% atout, 32% inconvénient, 32% ni l’un ni l’autre) et de Jean-Luc Mélenchon (25% atout, 41% inconvénient, 34% ni l’un ni l’autre) sont très partagés.
Sur l’immigration, Marine Le Pen est la personnalité qui a la plus large confiance dans l’opinion publique
Sur les questions d’immigration :
- 38% des Français affirment faire confiance à Marine Le Pen et au Rassemblement National (-3 depuis le 24 mai 2023)
- 25% à Eric Zemmour, Marion Maréchal et au parti Reconquête (1ère fois posé)
- 21% à Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne (-5)
- 21% aux dirigeants du parti Les Républicains (-7)
- Et 17% à Jean-Luc Mélenchon et à la NUPES (-6)
En cette période de crise migratoire à Lampedusa, la confiance envers l’ensemble de ces personnalités recule depuis mai 2023.
Sur ces questions, d’un point de vue politique :
- Marine Le Pen dispose du soutien massif de ses électeurs (91%, +5). Elle est la seule personnalité qui parvient à gagner la confiance d’une majorité en dehors de son socle électoral : sympathisants LR (53%, -6) et électeurs d’Éric Zemmour (68%)
- Stable, l’exécutif conserve la confiance de 6 électeurs sur 10 d’Emmanuel Macron (61%). Elle recule et atteint de très faibles niveaux dans les électorats de Jean-Luc Mélenchon (13%, -7) et de Marine Le Pen (5%, -4) et chez les abstentionnistes (12%, -5)
- Les dirigeants du parti LR bénéficient d’une confiance solide de ses sympathisants, mais en légère baisse depuis mai (76%, -3)
- Jean-Luc Mélenchon et la Nupes ne dispose plus que de la confiance d’1 électeur sur 2 de Jean-Luc Mélenchon à la faveur d’un fort recul (56%, -13)
« Les 2060 morts de migrants en mer Méditerranée sont une plaie ouverte dans notre humanité, j’offre mes encouragements aux hommes politiques qui cherchent à la guérir dans un esprit de solidarité » : cette phrase prononcée par le Pape divise l’opinion publique
En août dernier, le Pape François a évoqué « avec douleur et honte les 2060 morts de migrants en mer Méditerranée depuis le début de l’année », déclarant qu’il s’agit d’« une plaie ouverte dans notre humanité » et qu’il « offre ses encouragements aux hommes politiques et aux diplomates qui cherchent à la guérir, dans un esprit de solidarité et de fraternité ». 52% des Français déclarent être d’accord avec ces propos, dont 37% plutôt d’accord et 15% tout à fait d’accord. A l’inverse, 47% ne sont pas d’accord, dont 31% pas vraiment et 16% pas du tout.
Cette phrase divise politiquement, elle est approuvée par une majorité d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon (76%) et d’Emmanuel Macron (55%) mais est plutôt rejetée par les électeurs de Marine Le Pen (73%), de Valérie Pécresse (67%) et d’Éric Zemmour (69%).
Ces propos tenus par le Pape sont approuvés par les 18-24 ans (70%), mais cette approbation décroit avec l’âge et devient minoritaire chez les 65 ans et plus (41%).
47% des Français ont une bonne image du Pape François, 12% une mauvaise et 41% n’ont pas d’opinion
47% des Français déclarent avoir une bonne image du Pape François, contre 12% une mauvaise image et 41% n’ont pas d’opinion.
Le Pape François dispose d’une bonne image chez les catholiques (63% bonne, 9% mauvaise).
Les électeurs de Valérie Pécresse (64%) et d’Emmanuel Macron (58%) ont une image particulièrement bonne du Pape François. A contrario, c’est parmi les électeurs d’Éric Zemmour que l’on mesure la plus forte proportion de mauvaise image (26%, contre 42% bonne image).
Crédits images : Réfugiés – Pixabay / jdblack
