La confiance à l’égard de l’exécutif en forte chute après l’utilisation du 49.3, la fidélité du socle électoral d’Emmanuel Macron s’effrite
Pour la première mesure depuis le recours au 49.3, « seuls » 25% (-7) des Français interrogés par Elabe pour Les Echos accordent leur confiance au président de la République pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays. C’est la première fois qu’Emmanuel Macron enregistre une baisse aussi importante de sa confiance sur un mois depuis sa première élection. De fait, cette dernière atteint son point le plus bas sur le 2nd quinquennat et son 2ème point le plus bas sur les 2 mandats (23% en décembre 2018, au plus fort de la contestation des gilets jaunes). La défiance est également très forte : 71% (+8 points) des Français ne lui font pas confiance, dont 43% pas du tout. Si cette dernière mesure apparaît particulièrement défavorable au président de la République (la 5ème mesure la plus haute depuis son élection), elle reste en deçà du record de décembre 2018 où plus de la moitié des Français affirmait n’avoir pas du tout confiance en lui (51%).
Professionnellement, Emmanuel Macron perd la confiance des retraités. Après un rebond marqué le mois dernier (+15 points), la confiance recule en effet auprès de cette population (27%, -18 points) ; c’est la mesure la plus basse depuis décembre 2018. Dans le même temps, la confiance, déjà fragile le mois dernier, continue de baisser chez les actifs : 32% (-2 points) auprès des cadres, 23% (-8 points) auprès des professions intermédiaires, 20% (-4) auprès des catégories populaires. Compte tenu du recul enregistré auprès des plus de 65 ans (30%, -16 points), le clivage sur l’âge disparait quasiment : la confiance est comprise entre 22% et 25% pour les autres catégories.
Politiquement, le niveau de confiance chute au sein de son électorat (68%, -13 points). Alors qu’il semblait rester solide depuis le début de la séquence des retraites, son socle s’effrite, sans toutefois égaler son plus bas niveau (58% en janvier 2019). Les oppositions sont particulièrement négatives, notamment les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (10%, -8) et les électeurs de Marine Le Pen (9% confiance, +1 point). Il obtient le soutien de moins d’1 électeur de second tour sur 2 (49%, -13 points) ; cette situation n’a été enregistrée qu’à 5 reprises, uniquement sur la période gilets jaunes.
En baisse de 4 points, la confiance accordée à la Première ministre, Elisabeth Borne, est particulièrement fragile (22%) ; cette mesure n’a jamais été atteinte par aucun des trois Premiers ministres d’Emmanuel Macron (précédent record à 23% par E. Philippe en décembre 2018, par J. Castex en décembre 2020 et par E. Borne en février 2023).
Socio-démographiquement, c’est auprès des retraités (29%, -10 points) que la baisse est la plus forte. Politiquement, elle recule fortement auprès des électeurs d’Emmanuel Macron (61%, -6) et plus encore auprès de ceux de Jean-Luc Mélenchon (3%, -15 point). Elle obtient le soutien de 43% (-8 points) des électeurs de second tour d’Emmanuel Macron.
Derrière Edouard Philippe, Marine Le Pen consolide à nouveau sa deuxième place
42% (-1) des Français ont une bonne image de l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe. Marine Le Pen reste deuxième du classement (33%, +1), à deux points de son plus haut niveau obtenu il y a tout juste un an (35% en avril 2022). Bruno Le Maire est le ministre ayant la meilleure image (28%, +1), alors que dans le même temps, plusieurs autres enregistrent une baisse de leur popularité ; c’est le cas d’Olivier Véran (26%, -3), de Gabriel Attal (23%, -3) ou encore d’Éric Dupond-Moretti (17%, -5). Gérald Darmanin est quant à lui stable, à 21%. Nicolas Sarkozy est troisième du classement (29%, +1), François Hollande cinquième (28%, +2) et François Bayrou septième (25%, +2).
Bernard Cazeneuve obtient le soutien de 22% des Français, à son niveau de juillet 2020 (dernière mesure réalisée). Marlène Schiappa cumule 18% de bonne image, soit deux points de moins qu’en décembre.
Auprès des électeurs de gauche, Jean Luc Mélenchon est premier (52%, +1 point) devant Yannick Jadot, en forte progression (46%, +5 points), et Fabien Roussel (44%, +3 points) ; c’est la personnalité qui enregistre le moins d’image négative (21%). Derrière François Hollande (44%, -2), François Ruffin est à 39% (+2 points) ; si un cinquième des électeurs de gauche a une très bonne image de lui, il apparaît moins connu que d’autres personnalités du haut du classement (34% de sans opinion, à même niveau que Fabien Roussel, 35%). Bernard Cazeneuve obtient 28% et Olivier Faure 25% (-1 point). Sandrine Rousseau est la personnalité qui enregistre la plus forte baisse auprès de cet électorat (17%, -8 points).
Auprès des électeurs d’Emmanuel Macron, Edouard Phillipe semble protégé de la baisse de popularité qui touche le gouvernement et enraye le recul du mois dernier (84%, +6). Derrière, de nombreux ministres enregistrent des baisses : Bruno Le Maire (67%, -2 points après +5), Olivier Véran (63%, -10, après +6), Gabriel Attal (62%, -5 points, après +3), Gérald Darmanin (52%, -2) et Éric Dupond-Moretti (41%, -15 points, après +7). Marlène Schiappa obtient 35% de bonne image, soit 3 points de moins qu’en décembre. Agnès Pannier-Runacher obtient 21% (-1 depuis février) et Sébastien Lecornu 17% (stable depuis juin). Enfin, c’est auprès de ce segment électoral que Bernard Cazeneuve enregistre le plus fort soutien (36%).
Auprès des électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, Marine Le Pen garde le soutien de ses électeurs (86%, +1). Jordan Bardella enregistre une forte progression (65%, +8), tandis qu’Éric Zemmour (45%, =) et Nicolas Dupont-Aignan (45%, +1) sont stables et complètent le classement.
Télécharger le rapport : L’Observatoire politique – Avril 2023