Pas d’effet de lassitude dans l’opinion, la mobilisation contre la réforme des retraites reste majoritairement approuvée
63% (+3 points depuis le 22 mars) des Français approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites, dont 43% (+2 qui la soutiennent et 20% (+1) qui en ont de la sympathie. A l’inverse, 25% (-3) la désapprouvent, dont 14% (=) qui y sont opposés et 11% (-3) hostiles. Enfin, 12% (=) des Français déclarent être indifférents. Depuis fin janvier, l’approbation de la mobilisation ne faiblit pas et oscille entre 60% et 68%. Cette dynamique se distingue de l’essoufflement mesuré lors du mouvement social contre la réforme des retraites d’E. Philippe où l’approbation avait baissé de 64% à 47% entre le 6 novembre 2019 et le 15 janvier 2020.
La mobilisation demeure fortement approuvée par les actifs (68%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (83%) et de Marine Le Pen (77%). Elle est approuvée par une majorité de retraités (51%), d’électeurs d’Emmanuel Macron de 2nd tour (52%) et par 37% de ses électeurs de 1er tour.
63% des Français souhaitent que la mobilisation continue, dont 40% (en légère baisse) qu’elle se durcisse
40% (-4 depuis le 22 mars) des Français estiment que la mobilisation doit se durcir, s’accentuer (mobilisation plus importante, blocages, grèves reconductibles, etc.), 23% (+2) qu’elle doit continuer de la même façon qu’actuellement et 37% (+3) qu’elle doit s’arrêter.
Le souhait que la mobilisation se poursuive voire qu’elle se durcisse reste fortement présent chez les actifs (71% doit continuer, dont 46% se durcir), en particulier chez les employés/ouvriers (74%, dont 53%), chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (86%, dont 61%) et de Marine Le Pen (77%, dont 64%). Il progresse fortement en une semaine chez les 18-24 ans (51% se durcisse, +9).
A contrario, l’arrêt de la mobilisation est majoritaire chez les électeurs d’Emmanuel Macron de 1er tour (75%) comme de 2nd tour (56%) et progresse chez les retraités (58%, +7).
Pour les Français, la responsabilité du conflit social revient d’abord à l’exécutif, une opinion en nette hausse
62% (+9 depuis le 10 mars) des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne sont les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites, 12% (-3) que ce sont les syndicats de salariés et 26% (-5) autant l’un que l’autre.
La responsabilité imputée à l’exécutif progresse dans toutes les catégories de population, et de manière particulièrement forte chez les retraités (50%, +14), chez les électeurs de Marine Le Pen (81%, +18) et de Jean-Luc Mélenchon (87%, +12). A noter qu’une majorité relative d’électeurs d’Emmanuel Macron de 2nd tour estime désormais que l’exécutif est le principal responsable (46%, +13). Même si cette opinion reste minoritaire, elle progresse également chez ses électeurs de 1er tour (25%, +7 ; contre 32% syndicats et 43% autant). La responsabilité de l’exécutif est toujours fortement exprimée par les actifs (67%, +7).
Pour 7 Français sur 10, l’exécutif doit accepter de mettre la réforme en pause et la mise en place d’une « médiation » pour discuter et négocier avec les organisations syndicales et politiques
69% des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement doivent accepter de mettre la réforme des retraites en pause et notamment le report à 64 ans, et accepter la mise en place d’une « médiation » pour discuter et négocier avec les organisations syndicales et politiques.
A l’inverse, 30% estiment que les syndicats de salariés doivent accepter d’aller discuter des questions liées au travail (sans évoquer les retraites) même s’ils n’obtiennent pas la mise en pause de la réforme des retraites et notamment le report à 64 ans.
Le souhait que l’exécutif accepte la médiation et la pause de la réforme est très présent chez les actifs (71%), les 18-24 ans (82%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (89%) et de Marine Le Pen (81%). Cette position est majoritaire chez les retraités (61%) et les électeurs d’Emmanuel Macron de 2nd tour (56%), et est privilégiée par 4 électeurs sur 10 d’Emmanuel Macron de 1er tour (40%).
Pour 3 Français sur 4, le gouvernement doit retirer sa réforme pour mettre fin aux blocages et grèves
73% des Français estiment que le gouvernement doit retirer sa réforme, pour mettre fin aux blocages et grèves.
A l’inverse, 26% considèrent que le gouvernement ne doit pas céder, même si les grèves et blocages se poursuivent.
Le retrait de la réforme pour mettre fin aux blocages et grèves est particulièrement souhaité par les actifs (77%), les moins de 35 ans (83%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (89%) et de Marine Le Pen (87%). Cette opinion est également majoritaire chez les retraités (63%) et les électeurs d’Emmanuel Macron de 2nd tour (56%), et est privilégiée par 4 électeurs de 1er tour sur 10 (41%).
L’image d’Elisabeth Borne se dégrade fortement depuis septembre
En 6 mois (depuis le 28 septembre 2022), la Première ministre est perçue par les Français comme une personnalité plus autoritaire (64%, +13), arrogante (52%, +17), inquiétante (elle vous inquiète, 51%, +12) et moins courageuse (43%, -5), dynamique (32%, -9), sincère (25%, -6), capable de réformer le pays (24%, -7), d’obtenir des résultats (22%, -3), de faire des compromis avec les oppositions (16%, -14), de comprendre les gens comme vous (16%, -5), sympathique (15%, -11), rassurante (14%, -10) et capable de rassembler les Français (13%, -8).
L’image de la Première ministre se dégrade dans toutes les catégories de population et électorats, y compris chez les électeurs d’Emmanuel Macron de 1er tour : à titre d’exemple, 52% (-11) d’entre eux la jugent capable de réformer le pays, 39% (-25) de faire des compromis avec les oppositions et 29% (-21) de rassembler les Français.
D’un point de vue socio-professionnel, les actifs ont une image particulièrement négative de la Première ministre – 58% (+20) arrogante ; 57% (+16) elle vous inquiète ; 14% (-13) capable de faire des compromis avec les oppositions – mais à noter que son image se dégrade également chez les retraités : arrogante (42%, +13), elle vous inquiète (41%, +7), capable de faire des compromis (21%, -20).
« L’objectif que je fixe pour l’avenir, c’est pas de 49.3 en dehors des textes financiers » : une majorité de Français souhaite qu’Elisabeth Borne aille plus loin et s’engage à ne plus l’utiliser du tout
La Première ministre Elisabeth Borne a déclaré qu’à l’avenir, elle ne souhaitait plus utiliser l’article 49-3 de la Constitution en dehors des textes budgétaires. 30% des Français estiment que c’est une bonne décision, mais 55% considèrent qu’elle devrait aller plus loin et s’engager à ne plus l’utiliser y compris sur les textes budgétaires. A l’opposé, 15% des Français disent qu’elle ne devrait pas s’empêcher d’utiliser le 49-3, c’est un outil de la Constitution qui permet d’éviter les blocages à l’Assemblée Nationale.
L’utilisation sans entrave du 49-3 sans est une position minoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats, elle atteint son plus haut chez les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron à 26%. Pour le reste, des écarts sont à noter :
- Les actifs (60%), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (82%) et de Marine Le Pen (73%) sont largement favorables à l’arrêt de l’utilisation du 49-3 pour tous les textes
- Les retraités (41% pas de 49.3 en dehors des textes budgétaires, 41% pas de 49.3 du tout) et les électeurs de 2nd tour d’Emmanuel Macron (42%, 37%) sont partagés
- Une courte majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (52%) partage la position de la première ministre
Une opinion publique divisée sur le sujet des « méga-bassines »
50% des Français sont opposés à la mise en place des « méga-bassines », dont 35% assez opposés et 15% très opposés. A l’inverse, 49% y sont favorables, dont 40% assez favorables et 9% très favorables.
D’un point de vue politique, près de 6 électeurs sur 10 d’Emmanuel Macron (59%) et de Marine Le Pen (57%) y sont favorables tandis que 7 électeurs sur 10 de Jean-Luc Mélenchon (69%) y sont opposés.
Actes violents et affrontements avec les forces de l’ordre lors de la manifestation contre l’installation d’une « méga-bassine » : 79% des Français condamnent mais 29% comprennent
Actes violents et affrontements avec les forces de l’ordre lors des manifestations contre la réforme des retraites : 80% (+5) des Français condamnent mais 31% (-11) comprennent
Une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats condamne ces actes violents et affrontements avec les forces de l’ordre qui ont eu lieu lors des manifestations contre la réforme des retraites et contre l’installation d’une « méga-bassine » à Sainte-Soline.
Si l’incompréhension est majoritaire dans la plupart des catégories et électorats, près d’1 électeur sur 2 de Jean-Mélenchon déclare les comprendre (46% méga-bassine, 48% réforme des retraites).
En 1 semaine, la compréhension des violences qui ont eu lieu lors des manifestations contre la réforme des retraites recule dans toutes les catégories de population et électorats.
Pour 6 Français sur 10, les violences policières sont marginales et le fait d’une minorité de policiers
62% des Français estiment que les violences policières sont marginales et le fait de dérapages d’une minorité de policiers. A l’inverse, 37% considèrent qu’elles ne sont pas marginales et sont représentatifs d’un phénomène plus général au sein de la police.
Les électeurs d’Emmanuel Macron (75%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (64%) estiment que les violences policières sont marginales, tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon y voient majoritairement (58%) un phénomène plus systémique.
En termes d’âge, les violences policières sont majoritairement perçues comme des phénomènes marginaux, sauf chez les plus jeunes (18-24 ans) qui sont très partagés (52% phénomène marginal, 47% phénomène général).
7 Français sur 10 a confiance dans la police
69% des Français déclarent avoir confiance dans la police, contre 31% pas confiance. En comparaison, il s’agit d’un niveau de confiance inférieur à l’armée (80%) et à la gendarmerie (76%), et nettement supérieur à la justice où la défiance est majoritaire (56% pas confiance, 44% confiance).
D’un point de vue politique, une large majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (82%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (71%) ont confiance dans la police. Mais à l’inverse, la majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon n’a pas confiance (57% pas confiance, 43% confiance).
D’un point de vue générationnel, la confiance envers la police est plus élevée chez les 35 ans et plus (72%) que chez les moins de 35 ans (57%).
Télécharger le rapport : Les Français et le climat social : réforme des retraites (vague 12) et « méga bassines »