Youtuber, ça compte ?

Youtube ouvre un nouvel espace de débat politique. Les vidéos politiques sur Internet ont d’abord été l’apanage de l’extrême droite, y voyant un levier de son développement. En 2014, par exemple, Dieudonné avait atteint 64 millions de vues sur son compte. En réaction à ce monopole politique, de nouveaux analystes, comme le pionnier Usul en 2014, ont émergé pour rendre accessible plusieurs points de vue politiques aux jeunes qui s’informent aujourd’hui autrement que par la voie médiatique classique. Bien que ces contenus sérieux restent marginaux au regard de l’audience captée par les humoristes comme Cyprien, un poids lourd à 10 millions d’abonnés. Cette tendance émergente qui permet de contourner les médias traditionnels n’est pas sans déplaire à Jean-Luc Mélenchon. Ayant bien compris la praticité de l’outil, il s’en est pleinement emparé et fédère plus d’abonnés que tous les autres candidats à la présidentielle. La plateforme lui plaît parce qu’elle porte une des valeurs qu’il promeut : l’horizontalité est le maître mot dans les relations entre youtubeurs/spectateurs. Si l’influence des Youtubeurs est sans doute mineure dans la campagne de 2017, pourront-ils néanmoins s’imposer dans le journalisme politique à long terme ? Le pari n’est pas encore gagné. Leur modèle est fragile : la production vidéo exige du plein temps et des recours répétitifs au financement participatif. Pour faire vivre leurs chaînes, certains de ces nouveaux commentateurs sont déjà à cheval entre les deux modèles, fournissant par exemple des vidéos bimensuelles à Médiapart. Et comme le prédit l’historien Alexis Levrier, ces nouveaux acteurs pourraient bientôt être gobés par l’oligarchie médiatique comme en leur temps les radios-libres.

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