Un sondage au nom de la démocratie

La méfiance croissante de la population envers les sondages surlignée par le choix du Parisien en janvier de ne plus en publier interroge sur la meilleure méthode pour palper l’opinion citoyenne. James Fishkin, professeur en science politique à Stanford, aurait une meilleure solution pour redonner à la démocratie des lettres de noblesse. Il propose un « sondage délibératif » où plusieurs centaines de personnes, constituant un échantillon représentatif mais sélectionnées au hasard, seraient regroupées dans une salle et amenées à débattre, en présence de modérateurs pour assurer une discussion équilibrée. Le débat serait filmé pour se prémunir de tout jugement désinvolte. Cette méthode, proche de l’assemblée citoyenne, qui permettrait à chaque nuance de l’opinion de s’exprimer, a été usitée en 2007 à Bruxelles lorsque le traité constitutionnel fut rejeté. 362 citoyens des 27 pays membres de l’UE ont défilé au pupitre du Parlement pour délibérer sur l’avenir de l’Europe. Un débat innovant puisque, selon Fishkin, 89% des participants n’avaient jamais parlé UE avec un européen d’une nationalité différente. Séduisant, ce système délibératif n’a jamais été pratiqué à l’échelle française, notamment parce qu’il coûte très cher. L’exercice de 2007 avait coûté la bagatelle de 1,5 million d’euros.

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